Sahar Vafaie Tajkhatooni; sara sadidi
Résumé
Au cours des deux dernières décennies, on a assisté à la prolifération de termes comme « acculturation », « enculturation », ...
Au cours des deux dernières décennies, on a assisté à la prolifération de termes comme « acculturation », « enculturation », « transculturation », « transition », « transformation » dans le domaine des études anthropologiques et ethnoculturelles, qui ont élargi leur champ d’application pour désigner tout métissage culturel et esthétique. Les expériences migratoires, dont celle des poètes persans en Inde, font de la poésie classique persane un terrain fertile pour l’étude de ce genre de rapports. Les différents styles dans la poésie persane -style ʿerāqi ou irakien, style ḵorāsāni et style indien doivent leur nom aux pays voisins de la Perse. En déplaçant les anciennes frontières géographiques, la création esthétique, issue de la formation pluriculturelle des poètes immigrés, crée de nouveaux contours plus dynamiques au sein de la poésie persane. Au-delà d’une simple imitation des poètes des pays voisins, la première génération des poètes immigrés qui cherchent refuge auprès de la cour de l’Inde forment ce qu’on appelle souvent le style indien ou bien le ‘style ispahanais’. Ils produisent un véritable métissage des cultures et des façons d’écrire qui reste en cours pendant environ un siècle et demi, en Iran aussi bien qu’à la cour moghole en Inde. En mettant l’accent sur l’aspect transculturel du style indien, cet article suit la formation de cette première manifestation de la littérature d’immigration au sein de la littérature persane. Nous allons voir qu’à cette époque, la poésie persane en Inde commence à s’accorder avec l’ambiance littéraire régnant dans les cercles littéraires indiens, reste quelque temps dans l’indécision avant d’arriver à la redécouverte de son identité.